ÉTUDES INTERNATIONALES ET STAGES PROFESSIONNELS POUR LES FUTURS TRADUCTEURS DU FRANÇAIS AU LITUANIEN ET DU LITUANIEN AU FRANÇAIS

2021-10-15

Après la création du Centre des Pays Francophones à l’Université Vytautas Magnus en 2016, la coopération avec les universités des pays francophones, les organisations internationales et les institutions européennes s’est considérablement intensifiée. De nouvelles perspectives sur les études académiques, le développement professionnel et la coopération culturelle se sont ouvertes depuis le début de l’année 2020, lorsque l’Université Vytautas Magnus est devenue membre de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF). À partir de ce moment, les opportunités de coopération internationale se sont multipliées pour tous les membres de la communauté universitaire. Bien sûr, il y a une condition : vous devez parler français.

Les activités internationales de recherche et d’études proposées par l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), ont attiré l’attention des étudiants du programme de licence « Langue et Cultures des Pays Francophones » de l’Université Vytautas Magnus. Etudiants en traduction, ils souhaitent devenir traducteurs professionnels et éditeurs de textes artistiques et commerciaux. La pénurie de ces spécialistes en Lituanie est bien connue : le manque de traducteurs a été discuté et analysé à plusieurs reprises par les éditeurs de notre pays, les chefs de départements de langue lituanienne des institutions de l’UE, les traducteurs éminents et l’Association des traducteurs littéraires de Lituanie. Les traducteurs professionnels peuvent traduire la législation de l’UE et d’autres documents, dans le même temps ils veulent contribuer à la diffusion de la littérature et de la culture des pays francophones en Lituanie. En 2003, lors de la réunion de fondation du Centre de traduction, le critique littéraire Vytautas Kubilius a exprimé une idée intéressante : ce ne sont pas les livres en version originale mais les livres traduits qui ont eu une influence décisive sur la pensée lituanienne et les possibilités d’expression littéraire. Cette idée semble désormais particulièrement pertinente. Cette tendance actuelle montre l’importance de l’activité des traducteurs et révèle la nécessité d’une grande qualité de traduction.

Les études de traduction sont organisées non seulement par les programmes d’études du Département des langues étrangères, de littérature et de traduction de l’Université Vytautas Magnus, mais aussi par la direction régionale Europe centrale et orientale de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). En 2020 et 2021, cette direction a invité des jeunes à participer aux études à distance « Europa Plus » pour les étudiants en journalisme, communication, traduction et philologie. Cette opportunité était offerte aux établissements appartenant au réseau des universités de l’AUF et les étudiants participants maîtrisaient très bien le français. L’objectif de cette formation de presque six mois est de traduire des textes de presse écrite en français, de présenter des actualités nationales et européennes traduites à des étudiants d’autres pays, ainsi que d’améliorer les compétences de la langue française en participant à un groupe international d’étudiants dirigé par des spécialistes de traduction et des locuteurs francophones natifs.

« Ce fut une belle occasion de découvrir le métier de traducteur de plus près. J’ai pu mieux comprendre tout le travail nécessaire pour parvenir à la version finale d’une traduction. » – partage Karolina Vingytė à propos de son expérience. Etudiante en quatrième année de Langue et Culture des Pays Francophones, elle a terminé avec succès des études de traduction organisées par l’AUF à la fin de cet été avec des étudiants de 21 pays : Albanie, Arménie, Bulgarie, Géorgie, Hongrie, Serbie, Slovaquie, Slovénie, Turquie, etc. L’étudiante avoue : « J’ai lu beaucoup d’articles de presse en français pour pouvoir utiliser correctement les phrases françaises, reproduire le style d’écriture en traduisant des textes lituaniens en français. Le traducteur, comme je me suis fait la remarque plus d’une fois, traduit non seulement des textes d’une langue à une autre, mais aussi des cultures. Les gens dans un pays peuvent comprendre les mêmes choses différemment des gens qui habitent dans un autre pays parce que leurs expériences sont différentes. Il est donc important de transmettre le sens aux interlocuteurs d’une autre culture de manière appropriée et compréhensible pendant le processus de traduction. Le traducteur doit non seulement connaître la langue, mais aussi se préparer de manière exhaustive : en élargissant constamment sa connaissance des autres cultures et des questions importantes de la vie publique et de la politique actuelle. Pour toutes ces raisons, je suis passionnée par la traduction. La pratique de la traduction de l’AUF m’a une fois de plus convaincue que mon avenir est lié au métier de traducteur. »

Karolina Vingytė est la seule étudiante lituanienne à avoir participé en 2021 à des études de traduction organisées par l’Agence universitaire de la Francophonie. Elle se réjouit que « cette pratique de la traduction l’ait d’abord conduit à un plus grand intérêt pour le journalisme et ce qui se passe dans notre pays, puis à un élargissement plus actif des horizons de vie dans d’autres pays étrangers. Après avoir traduit des articles pertinents et sélectionnés pour un plus grand nombre, nous les avons commentés et discutés plus largement avec les autres membres du groupe. J’attendais ces rencontres avec impatience car tout le monde était bien préparé et c’était intéressant d’écouter ce qui se passait dans les autres pays, comment vivent leurs habitants, etc. Toutes les études de traduction ont été menées en français, j’ai donc considérablement amélioré ma connaissance du français. »

La traduction est un champ d’activité vraiment large et ouvert, couvrant, comme écrivait Yves Gambier, des objets de « géométries diverses » : textes artistiques, journalistiques, scientifiques, administratifs, descriptions de biens divers, étiquettes, etc. Compte tenu de la diversité actuelle des objets de traduction, les traducteurs ont tendance à se spécialiser, choisissant souvent de traduire des textes dans un domaine spécifique. Cette tendance a déjà été évoquée par des traducteurs des institutions européennes (Parlement européen, Cour de justice européenne) qui ont organisé des séminaires pratiques pour les philologues français sur la traduction de textes administratifs. Des séminaires de traducteurs possédant une vaste expérience professionnelle et des études de traduction à l’Université Vytautas Magnus ont encouragé de nombreux étudiants à participer à diverses activités de traduction et à soumettre leurs candidatures pour des stages dans les départements de langue lituanienne de la Direction générale de la traduction des institutions de l’UE. Deimantė Gudzinskaitė, diplômée du programme de licence « Langue et Cultures des Pays Francophones » en 2021, a remporté le concours afin d’obtenir un stage de traduction proposé par le Parlement européen cette année, à partir d’octobre. Ce stage de six mois ouvre de nouvelles opportunités pour cette jeune spécialiste dans le domaine de la traduction automatique, lui permet d’acquérir de nouvelles compétences et également l’opportunité de connaître le Luxembourg.

« Lors d’un séminaire de traduction du Parlement européen que j’ai suivi pendant ma dernière année, j’ai entendu parler de la possibilité d’un stage au Parlement européen à Bruxelles ou à la ville de Luxembourg. Les conditions du stage m’ont interpellé, et l’opportunité m’a semblé vraiment exceptionnelle. Un stage dans une institution européenne si importante peut devenir une base sérieuse pour une carrière. Alors, je n’ai pas réfléchi longtemps et, lorsque la période de candidature est arrivée, j’ai rempli tous les documents nécessaires et j’ai postulé pour un stage au Département de langue lituanienne du Parlement européen à Luxembourg. Je ne croyais même pas que je gagnerais, mais j’ai réussi. Je suis heureuse de cette opportunité et je pense qu’un stage au Parlement européen m’aidera à connaître non seulement la pratique de la traduction, et me poussera à réfléchir sur mon avenir professionnel », déclare Deimantė Gudzinskaitė.

Deimantė Gudzinskaitė a commencé son stage au Parlement Européen le 1er octobre 2021. Elle ne cache pas que la traduction n’était pas son rêve en rejoignant l’Université Vytautas Magnus : « Avant de commencer mes études, ma vision de la traduction était empreinte de clichés : il s’agirait d’un travail de bureau, répétitif et ennuyant. En réalité, rien de tout cela. Lorsque nous avons commencé à apprendre les subtilités de la traduction littéraire j’ai été impressionnée. J’ai beaucoup aimé le fait qu’en traduisant un texte littéraire, un traducteur puisse allier la créativité et la science. Cela signifie qu’il doit dévoiler l’idée de l’auteur du texte original, mais aussi créer sa propre interprétation. J’ai réalisé que la science de la traduction m’intéressait et que je pouvais me sentir à l’aise en traduisant des textes. » En effet, chacun aborde différemment la science ou la pratique de la traduction, le plus important est de ressentir une passion pour l’activité professionnelle choisie. Quel que soit le style ou le genre de texte que le traducteur doit traiter, il devra toujours parcourir les chemins de la communication interculturelle et ramener l’étranger chez lui…

Traduit par Giedrė Pranaitytė, relu par Elise Vielles